Pour réaliser une greffe anglaise compliquée il faut un porte-greffe (un arbre jeune cultivé exprès pour la greffe ou un arbre ayant poussé spontanément dans le cas des greffes « sauvages ») et un greffon (on peut aussi dire scion) qui est le bout (pousse de l’année) d’une branche de l’arbre que l’on va greffer sur le porte-greffe et qui nous intéresse.
Au niveau du point de greffe l’idéal (même si ce n’est pas absolument nécessaire) est d’avoir des diamètres de porte-greffe et de greffon similaires, donc on n’hésite pas à couper l’un et/ou l’autre.
On peut choisir des portes greffes pour différentes raisons : croissance plus ou moins importante de l’arbre greffé (on parle de vigueur), résistance aux maladies, rapidité de mise à fruit, résistance au froid (rusticité), adaptation au type de sol, …
On ne peut pas tout greffer sur tout. De manière générale, plus la proximité botanique est importante plus les chances de compatibilité sont bonnes : Presque toujours possible au sein de la même espèce (exemple d’une variété de pommier sur un autre pommier), parfois possible au sein d’un même genre (exemple de l’abricotier sur le prunier) et rarement au sein d’une même famille (exemple du poirier sur l’aubépine).
On trouve assez facilement sur internet des tableaux donnant des exemples de porte-greffes. Par exemple : https://www.lamballe-terre-mer.bzh/upload/espace/140/pj/56604_48376_200529-envir-ft-porte-greffes.pdf mais il ne faut pas hésiter à faire des recherches pour la combinaison envisagée.

1ʳᵉ étape :
On taille le porte-greffe et le greffon en biseau (viser 20 à 30°), afin de maximiser le contact entre les tissus vivants. On peut couper une première fois (grossièrement) au sécateur puis recouper avec un cutter ou un couteau très aiguisé. On désinfecte la lame avant de couper pour éviter toutes contaminations.
En pratique le geste consiste à tenir la tige de la main droite et à ramener le cutter vers soi (prudemment et en portant des gants de protection pour les débutants) pour couper en biseau. La coupe doit être parfaitement plane, si ce n’est pas le cas il faut recommencer.
Pour la greffe anglaise (simple) on peut s’arrêter là.

2ᵉ étape :
Pour la greffe anglaise compliquée on ajoute une petite fente dans le greffon et dans le porte-greffe, dans le sens du bois, à environ 2/3 du bord de la surface du biseau. Attention à bien accompagner le cutter en le faisant « tourner » sur la greffe (mouvement de va et vient sans forcer). Il y a un grand risque sinon qu’il rentre trop profondément dans le bois (en le fendant) et dans votre doigt. L’idée de cette deuxième étape est d’augmenter encore la surface de contact entre le cambium du porte-greffe et du greffon mais également, par l’emboîtement créé (voir étape 3), de bien parties solidarisées les 2 parties.

3ᵉ étape :
On emboîte les 2 parties en forçant légèrement. Celles-ci doivent être le plus jointives possibles. Il ne faut pas d’air entre les 2.

4ᵉ étape :
On entoure la greffe avec de l’élastique à greffer (type ‘Flexiband’). Il se dégrade naturellement le plus souvent mais il peut s’avérer utile, s’il est de trop bonne qualité, de le retirer quelques mois après la réussite de la greffe pour qu’il n’étrangle pas le point de greffe lors de la croissance de l’arbre. On démarre sous la greffe, on sert fort et on termine au-dessus de la greffe, on peut aussi refaire un passage vers le bas. L’important est de mécaniquement bien solidariser les tissus du greffon et du porte-greffe en les comprimant.
5ᵉ étape :
On ne laisse que 2 (ou 3) bourgeons, on coupe au-dessus.
6ᵉ et 7ᵉ étape.
On enroule la greffe + le greffon en entier dans un matériau étanche et souple (cire, parafilm, etc…) afin de prévenir le séchage du greffon jusqu’à la cicatrisation tout au permettant aux bourgeons de facilement traverser lorsqu’ils vont débourrer.
Avant de replanter on indique sur une étiquette l’arbre (et la variété) qui a été greffé ainsi que son porte-greffe. En les découpant, les canettes en aluminium font d’excellentes étiquettes (elles ne pourrissent pas et en écrivant avec un stylo à bille l’écriture reste lisible des décennies).
Au moment de la plantation, par prudence on peut prévoir au contact ou à proximité immédiate de l’arbre greffé une tige de plus grande taille afin qu’un oiseau qui voudrait se reposer ne vienne pas se poser sur le greffon ce qui risquerait d’endommager la greffe.
Si vous êtes intéressés pour appendre cette technique de greffe, nous organisons des journées de greffage tous les ans au mois de février.